Présentation

Au cours des deux dernières décennies, les investissements dans les programmes sanitaires nationaux à travers les initiatives mondiales de santé, tels le Fonds Mondial, Stop TB, Roll Back Malaria et GAVI, ont augmenté de façon exponentielle. Cet accroissement des ressources financières a permis de mobiliser les principaux intrants médicaux et pharmaceutiques (médicaments, vaccins et produits biologiques), mais a mis en évidence de nouveaux défis liés à la capacité de mise en œuvre par les systèmes de santé des pays en développement. L’un des aspects les plus urgent pour la mise en œuvre et l’efficience de nouveaux programmes et des services de santé concerne notamment la gestion de la chaîne d’approvisionnement des produits de santé (CAPS) parfois appelée chaîne logistique de santé[1].

En 2005, dans le rapport « La santé et les objectifs du millénaire »[2], l’Organisation Mondiale de la Santé met ainsi en exergue le problème : « On peut aujourd’hui prévenir ou soigner la plupart des maladies à l’aide de techniques connues et peu coûteuses. Le problème est ailleurs : il faut réussir à fournir du personnel, des médicaments, des vaccins et des informations à ceux qui en ont besoin, et cela au moment opportun, en quantité suffisante, de manière fiable et durable, et pour un coût acceptable». Cependant, en dépit de cette prise de conscience de l’importance d’un système logistique performant, les CAPS des pays, notamment africains, ont très vite montré leurs limites. En effet, sous la pression créée par la disponibilité accrue des intrants pour lutter contre le VIH-SIDA, le Paludisme, la Tuberculose et les autres maladies à prévention vaccinale, les mesures ad hoc traditionnelles d’adaptation, telles que l’augmentation de la capacité de stockage ou de la fréquence de transport, se sont montrées insuffisantes pour faire face aux nouveaux défis posés par l’environnement changeant actuel.

De plus, le soutien à la CAPS des programmes de santé dédiés à des maladies particulières se limite essentiellement aux approvisionnements et ne prend pas en compte les autres composantes qui pourtant conditionnent la performance globale de la CAPS : la maintenance et la mise au rebut du matériel médical et technique, celle des infrastructures et établissements sanitaires, la gestion des déchets bio-médicaux, etc.

En ce qui concerne particulièrement le PEV, les évaluations successives de la gestion efficace des vaccins (GEV) montrent que de graves lacunes persistent dans la gestion de la CAPS malgré les plans d’amélioration élaborés et mis en œuvre. Les financements apportés par les Gouvernements et leurs partenaires techniques et financiers (PTFs), notamment GAVI, semblent porter plus de fruits dans les domaines liés aux infrastructures et équipements et moins dans les domaines transversaux tels que la maintenance et la supervision. D’autre part, ces soutiens n’ont pas fait émerger de perspectives palpables pour le développement et la gestion des ressources humaines nécessaires au fonctionnement optimal du système logistique sur le long terme, notamment au niveau des districts sanitaires (cadres intermédiaires).

L’amélioration de l’efficacité des systèmes de santé et leur capacité à gérer les nouveaux intrants toujours plus nombreux, plus volumineux et plus chers exigent donc une gestion efficace de la CAPS, coordonnée du niveau central jusqu’au niveau périphérique par des professionnels. C’est dans cet objectif que quelques spécialistes africains de la logistique de santé se sont ligués au sein d’une institution appelé « The Balanzan Institute » (TBI) pour apporter leur soutien à la gestion de la CAPS dans les pays d’Afrique et d’ailleurs.

[1] Dans ce document ces deux expressions seront considérées comme identiques

[2] Rapport de la Huitième Assemblée mondiale de la Santé, Genève, 16-25 mai 2005

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